ANATTA Le Non-Soi

Regard bouddhiste sur le « Soi »

L’enseignement du Bouddha (le Dhamma) est unique dans l’histoire de la pensée humaine, en considérant l’idée d’un « Soi », entité permanente et immuable, comme étant une vue fausse, imaginaire et illusoire. Poussant aux désirs égoïstes, cette conception génère des pensées d’attachement, d’aversion, de haine et de malveillance pour finalement engendrer l’insatisfaction et la souffrance pour soi-même et les autres. L’enseignement bouddhiste considère cette idée du « Soi » comme étant l’origine des troubles et des conflits du monde, ceci tant au niveau personnel qu’à l’échelle des nations.

D’emblée, on pourrait légitimement se poser la question qui est de savoir si l’enseignement du Bouddha prône une vue nihiliste de l’être. La réponse est qu’il n’en est rien. De fait, selon Bouddha, il est mauvais de soutenir l’idée « J’ai un Soi » tout comme il n’est pas exact de soutenir l’idée « Je n’ai pas de Soi ». La bonne attitude n’est pas tant de soutenir une opinion plutôt qu’une autre sur ce sujet, mais plutôt de regarder ce que l’on nomme le Soi d’une façon objective et surtout s’abstenir de toute projection mentale.

Avant d’entrer plus avant dans le détail et éviter ainsi les confusions, il faut ici parler de ce que l’on appelle les vérités. En fait il faut savoir qu’il en existe deux différentes :

La première est la vérité dite conventionnelle. Selon cette dernière, il est tout à fait exact d’utiliser des termes tels que « Je », « Vous », « Etre »… Cela est utile pour l’usage commun et conforme à une convention, ceci pour définir ou désigner un être plutôt qu’un autre.

La seconde est la vérité dite ultime. Selon celle-ci, il n’est pas possible de trouver dans ce que l’on nomme le « Je », « Vous », « Etre »… une réalité. En fait, selon le Dhamma, ce que nous estimons être le « Soi » n’est qu’une formation mentale.

Ainsi selon cette vérité ultime, il faut comprendre que le « Soi » n’est qu’une combinaison d’agrégats physiques et mentaux (voir 1ère Noble Vérité) qui agissent ensemble, changent d’état de façon continuelle et sont soumis à la loi de cause à effet. Ce faisant, l’illusion du « Moi » se trouve entretenue et de plus renforcée par la rapidité avec laquelle se succèdent ces changements d’état. Toutefois, il n’est rien derrière ce courant, ce flux composé, qui puisse être considéré comme le « Soi ».

A première vue, pour une personne ordinaire, il semble difficile d’admettre que nous ne soyons que des êtres impermanents. Cependant, nous en faisons l’expérience chaque jour, chaque heure et chaque seconde de notre vie. Réfléchissez à ceci : Etes-vous un être semblable ou différent de l’enfant que vous étiez ? Etes-vous un être semblable ou différent de celui qui s’est levé ce matin ? La réponse est que vous n’êtes ni le même être, ni un être différent.

Comprenez-vous pourquoi il n’est pas exact de soutenir l’une ou l’autre des opinions sur l’idée du « Soi ».


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